Notre corps nous parle ! Sans cesse à travers lui, nous recevons des messages que notre âme, ou la partie la plus profonde de nous-mêmes, nous envoie. Malheureusement, nous ne savons ou ne pouvons pas entendre ce qu’elle nous crie. Non seulement nous n’avons pas appris, mais en plus, nous nous comportons bien souvent comme des sourds, ce qui oblige notre corps à crier plus fort. La maladie ou l’accident deviennent alors les moyens qu’il utilise pour nous obliger à nous arrêter enfin. Il semble pourtant qu’il soit possible d’apprendre à “lire” les messages du corps. A travers la “psychoénergétique”, je propose une présentation simple et parlante de ces mécanismes et de la symbolique de base de chaque partie de notre corps. J’invite ainsi à découvrir à quel point celui-ci est un véritable livre ouvert, qu’il ne tient qu’à nous de comprendre. Notre agrément de vie et l’éveil de notre conscience sont à ce prix.
Il est intéressant de constater que notre époque, qui développe de plus en plus la communication vers l’extérieur, est aussi celle de l’éloignement de soi. Cependant, qu’on le veuille ou non, les dimensions subtiles de l’être humain existent et s’expriment. Pour pouvoir les comprendre et accéder à leur sens profond, il nous faut accepter que le paradigme qui les concerne soit différent de celui du regard mécaniste. Il en est ici comme de la physique et des différences fondamentales entre les physiques classique et quantique. L’une se préoccupe du pondéral et du macroscopique, l’autre du subtil et du microscopique. Elles ne s’excluent pas, contrairement à ce que voudraient certains : tout en étudiant la même chose, elles ne se préoccupent pas des mêmes niveaux. Le lien entre elles, comme pour l’humain, est un principe de cohérence. Nous devons l’accepter car ce principe permet d’unifier la connaissance et ses différents paradigmes sont non pas antagonistes mais complémentaires.
Ainsi que l’écrit le Dr. Thierry Médynski, dans la préface de Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi, premier ouvrage écrit sur le sujet : “Pour la médecine occidentale, tel terrain génétique prédispose à telle maladie. Cette prédisposition peut être congénitale (terrain HLA) ou acquise (mutation chromosomique). Pour l'Orient, la maladie témoigne d'un obstacle à la réalisation du Chemin de Vie. La conscience exprime ainsi, par des troubles énergétiques générateurs de maladies, les entraves à son plein épanouissement. Ces deux visions ne sont pas forcément incompatibles, surtout lorsque l'on sait que chez la souris, par exemple, des expériences de stress provoqué peuvent engendrer des altérations chromosomiques. C'est pourquoi avec exactement le même terrain génétique, un individu exprimera la maladie tandis que l'autre restera en bonne santé”.
Il est cependant difficile de comprendre les relations entre le corps et l’esprit et, par conséquent, la signification des maux du corps par rapport aux bleus de l’âme, si nous n’élargissons pas le regard que nous portons sur l’homme et sur la vie. Si nous restons au stade de l’homme “machine”, c’est-à-dire composé de pièces indépendantes et interchangeables en fonction des progrès techniques de la science, les relations proposées peuvent sembler tenir de la magie, de la voyance, de l’imaginaire ou du délire. Car c’est bien ici que se situe la question : “comment et pourquoi relier les manifestations physiques, les symptômes, les maladies ou les accidents avec ce qui se passe, ce qui se joue en nous ?” L’observation mécaniste ne peut le faire car son regard est “collé” au symptôme. Son champ d’observation est de ce fait restreint, dans le temps ou dans l’espace. L’origine des maux ne peut alors se justifier que par le hasard (accident) ou par des éléments extérieurs (virus, microbe, nourriture, environnement, etc.).
La psycho-énergétique cherche à élargir notre regard. En observant l’homme dans sa globalité physique et temporelle, il devient possible de relier à nouveau les différents niveaux qui composent son existence, lui donnant ainsi sa dimension véritable, qui est avant tout spirituelle. Nous pourrons alors peut-être comprendre la “raison d’être” de cet être humain et, par conséquent aussi, les raisons de son “mal-être”. L’approche psycho-énergétique cherche également à nous rendre “acteur de nos guérisons”, tout en intégrant si nécessaire l’aide de la médecine classique ou des approches alternatives. Elle suscite la compréhension de liens profonds, codifiés par l’énergétique chinoise, qui ouvrent notre conscience de soi et de la vie. La psychologie moderne, jungienne entre autres, lui donne un sens occidental et des structures conceptuelles “lisibles” par la plupart d’entre nous. N’oublions pas que le psychique et l’émotionnel ne sont pas déconnectés de leur support physique, notre corps. Ils ont un interface commun : le système endocrinien. A travers lui, le psychique s’inscrit dans le corporel, il se “manifeste” et sait le faire de façon “intelligente”. On peut imager cela à travers l’exemple d’une personne timide. Se trouvant en situation émotionnelle faisant ressortir cette timidité, elle rougit. L’émotion, le ressenti psychique, ont généré une manifestation physique précise, produite principalement par la sécrétion de deux hormones, l’adrénaline et la noradrénaline. L’adrénaline agit en tant que vasodilatateur des vaisseaux capillaires (ce qui produit le rougissement). Il est intéressant de noter que la personne timide ne rougit ni des pieds ni du dos, mais spécifiquement du visage, sauf si l’émotion est très intense. La noradrénaline agit comme un “électeur de lieu” et “décide” où l’adrénaline va agir. Cet exemple montre à quel point l’intelligence remarquable du corps à exprimer les ressentis ou les vécus, conscients ou non, est puissante et vraie. En effet, le visage est la projection symbolique de notre identité (on le met sur les photos d’identité) et chez le timide, cette identité est fragile et sensible.
La référence profonde à la conceptualisation connue à travers la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) et le Shiatsu, donne ses lettres de noblesse à la psycho-énergétique. La MTC et les principes vibratoires qu'elle a élaborés depuis des millénaires sont difficilement contestables et l'acupuncture a depuis longtemps montré son efficacité clinique. Or, à travers ses concepts “d'entités viscérales ou de psychés organiques”, la MTC a très clairement posé les bases solides d'une interactivité permanente entre le corps et l'esprit, qu'elle n'a jamais dissociés. Les récents travaux connus en psychosomatique ou en neuro-bio-immunologie démontrent aujourd’hui la validité de ces principes. Pour la MTC, chacun de nos organes est le support d'un pan psychique, qui dépend de lui pour son “existence”. De la qualité de l'énergie de l'organe va donc dépendre celle de la “psyché” qui lui est associée. Hygiène et modes de vie physiques influent par conséquent sur la qualité de l'esprit. Mais la relation existe de façon réciproque. La qualité de l'esprit, les attitudes psychiques ou comportementales, les modes de pensée ou les chocs émotionnels, conscients ou non, agissent également en feed-back sur le corps et sur les fonctionnements organiques. Ceux-ci deviennent alors porteurs des fractures, des trames ou des blessures psychiques.
Les concepts de la psychologie moderne, associés à une expérience de terrain (plus de 7000 consultations), ont permis de faire des liens clairs et précis entre les maux du corps (maladie, traumatismes) et les mots de l'âme. Le Shiatsu et les techniques psycho-énergétiques proposent ensuite des réponses et des solutions d’aide, tout en responsabilisant chacun face à sa vie. C’est là la condition sine qua non pour ne pas reproduire un schéma ou un symptôme, parfois grave ou destructeur.
Michel Odoul, fondateur de l’Institut Français de Shiatsu et de Psychologie Corporelle Appliquée, pour Science & Conscience N° 3